Troisième volet du triptyque sur la Guerre autour des textes de Nino Noskin, auteur kosovar contemporain, dix ans après la tétralogie Raki autour du même auteur.

Résumé

Après la guerre, Drasko, candidat aux élections et soutenu par le Général Pilat le Pons, représentant du Pays des Merveilles Unies, promet à sa voisine, Marie, de l’aider à retrouver son fils défunt, mais celle­ci ignore que c’est précisément cet homme qui fut le bourreau de son fils. Pendant la guerre, il l’a tué gratuitement et au hasard dans la foule, quasiment sous les yeux du Général, déjà présent pour apporter la Paix, et qui, buvant le raki que Drasko lui offrait, ne voyait rien des crimes commis autour de lui.
Mes démons met en lumière la fin de la Guerre, dont elle révèle les zones d’ombre. Si l’histoire est inspirée de l’ex-Yougoslavie, elle n’est ni datée ni située. La pièce met en exergue un choc des cultures, des valeurs, des moyens d’expression, entre le socialisme communiste et le nationalisme qui s’appuie sur la religion pour imposer ses idées.

Mes démons de Nino Noskin 

Avec : Lina Cespedes, Henri Vatin, Anne-Sophie Pathé, Mirjana Kapor, Christopher Mampouya, Naïma Gheribi, Nikson Pitaqaj
Mise en scène : Nikson Pitaqaj

Intention de mise en scène

« L’écriture, construite sur le modèle d’un puzzle, qui alterne entre des actes traduisant le passé, le présent et le futur, s’incarne dans un ensemble toujours en mouvement. Le rythme de la pièce s’appuie sur un équilibre funambule entre accélérations vertigineuses et arrêts sur image glaçants. La diffusion de l’hymne a tout pouvoir sur les activités du quotidien et leur vitalité. Tombant comme un couperet funeste, il immobilise les corps et paralyse les esprits tiraillés entre instinct de vie et pulsions destructrices. Le jeu des comédiens, dont l’investissement physique est absolu, est saccadé, évoquant des pantins désarticulés, déshumanisés. Si l’utopie d’un renouveau s’attache à maquiller la profonde douleur de la guerre, le vernis craque. Les corps des comédiens, leurs débits rapides et leurs silences profonds sont le manifeste de cette décomposition de l’humanité.

Les personnages de la sphère publique se déculpabilisent en se déclamant les défenseurs contre « les ennemis du peuple », ces dissidents qu’ils appellent des « nazis », quand ce sont eux, au contraire, qui œuvrent, sans en avoir parfois même conscience, à une éradication des Droits de l’Homme. Ainsi, Nino Noskin nous incite à être vigilant et sa mise en garde résonne particulièrement en moi, ici et maintenant. »

Nikson Pitaqaj, metteur en scène de Mes démons

Un Triptyque Guerres et Mémoire

Si notre pays a eu tendance à se croire à l’abri de la Guerre, la Peur de l’Autre, les extrémismes religieux et politiques, les actes terroristes, l’actualité en Ukraine, Palestine ou toutes les guerres ordinaires divisant notre société moderne ont motivé la création d’un triptyque autour des textes de Nino Noskin, auteur kosovar contemporain, sur Guerres et Mémoire : ses prémices avec Mon ami paranoïaque ;  ses victimes, mortes ou mort-vivantes et ses familles désagrégées avec Au coeur de l’Enfer; son après avec la manipulation de la mémoire historique : Mes démons (création 2025).
Sans tomber dans un manichéisme simplisteavec un humour grinçant et une légèreté dansante servant la gravité du propos, les textes interrogent le rôle de la mémoire dans l’Histoire, la question de la responsabilité, le poids de la dictature, les violences de la Guerre et les conflits intergénérationnels qui meurtrissent nos sociétés. Le théâtre, spectacle vivant, répond au devoir de mémoire par exorcisme de ce traumatisme qui réanime les héros que la Guerre a arrachés au monde des vivants…afin de nous inciter à la plus grande vigilance ici et maintenant.