Critique de PierPatrick parue dans Reg’Arts le 18 juillet 2014.
Largo desolato, de Václav Havel.
Théâtre tendu de noir, 49 places.
Un homme seul sur le plateau, vêtu d’une robe de chambre, harmonica larmoyant aux lèvres, ambiance demi-pénombre, un tabouret, une petite table basse, le décor est posé.
Léopold Kopriva, c’est son nom, philosophe et universitaire de renom reclus à domicile, passe son temps à boire, à se bourrer de médicaments, à refuser d’écrire… Il attend le moment où « les autres » viendront le chercher pour le conduire « là-bas » ! Il flotte un air troublant de gestapo ou d’inquisition.
La pièce est lourde, tendue mais les mots sont là, puissants, dérangeants, crispants. Ils grincent à coup de poing dans la gueule et le spectateur en sortira groggy. Mais encore une fois totalement éclairé par ce drame autobiographique défini par Vaclav Havel lui-même comme le plus abouti.
Le parti pris de la mise-en-scène minimaliste de Nikson Pitaqaj est d’appuyer selon ses propres mots lors d’une rencontre à l’issue du spectacle « sur la naissance progressive de l’acteur et la prise en compte de son propre corps avec celui des autres protagonistes. » Le tout sans altérer la vigueur des mots.
Nikson Pitaqaj, Kossovar d’origine, n’en est pas à son premier essai. Il a signé également « Audience », « Pétition » et « Vernissage » de Vaclav Havel pour lequel il confesse une véritable admiration. L’écrivain se pose au centre de son travail.
Quant aux comédiens, ils relèvent le défi avec talent.
PierPatrick