Création 2024 – Une production Motra
Au coeur de l’Enfer, c’est une famille en guerre. Elle est confrontée à la fois à un conflit dans son cercle intime et à l’intrusion violente d’ennemis extérieurs. Vous ne verrez pas d’images ou de vidéos de guerre comme celles diffusées en boucle sur les chaînes d’informations. Théâtre et Musique se mettent au service de l’indicible pour exorciser le déchaînement de fureur inouï de la Guerre et sa puissance dévastatrice qui renverse tout sur son passage.
La famille au coeur de l’enfer de Nino Noskin
Avec Lina Cespedes, Henri Vatin, Anne-Sophie Pathé, Mirjana Kapor, Christopher Mampouya, Naïma Gheribi, Yves Sauton, Pascal Fodor, Nikson Pitaqaj
Création musique originale Pascal Fodor
Mise en scène Nikson Pitaqaj
Intention de mise en scène
Cette famille au cœur de l’Enfer représente les sacrifiés christiques de la Guerre prescrite par les hautes instances politiques et militaires. Ce qui se passe à l’extérieur échappe à cette famille et, par conséquent, l’effraie. Cette peur crée et entretient la Guerre dans un mouvement circulaire infernal, éternel et universel. Les personnages ne parlent pas, ou peu. Ce qu’ils vivent les dépasse et les mots deviennent impuissants. En adéquation avec le texte dans lequel les points de suspension ont la part belle, le corps est le vecteur privilégié du propos. La mise en scène est brute et visuelle au-delà des grands discours juges, explicatifs ou moralisateurs. Le jeu des comédiens est léger, comme celui d’enfants qui jouent à la Guerre, avec toute la cruauté des situations poussées à l’extrême défiant les limites du supportable. L’horreur s’incarne dans une catharsis qui provoque paradoxalement le rire qui devient un exutoire.
La musique, très présente, exprime l’indicible. Composée par Pascal Fodor, alias Fødor, elle est inspirée de la chevauchée des Walkyries, évoquant à la fois la puissance de Wagner si chère au cœur d’Adolf Hitler et Apocalypse Now de Francis Ford Coppola. Célèbre air d’opéra épique, tragique, embrasé, exalté, et grandiose, il exhale toute la puissance dévastatrice de la Guerre qui renverse tout sur son passage, le collectif mais aussi l’intime. Ici, la guerre se joue en alternant deux temporalités : le Blitzkrieg, où les événements se succèdent de façon saccadée, alterne avec les moments d’attente interminable, où chaque respiration demande un effort…
Un Triptyque Guerres et Mémoire
Si notre pays a eu tendance à se croire à l’abri de la Guerre, la Peur de l’Autre, les extrémismes religieux et politiques, les actes terroristes, l’actualité en Ukraine, Palestine ou toutes les guerres ordinaires divisant notre société moderne ont motivé la création d’un triptyque autour des textes de Nino Noskin, auteur kosovar contemporain, sur Guerres et Mémoire : ses prémices avec Mon ami paranoïaque ; ses victimes, mortes ou mort-vivantes et ses familles désagrégées avec Au coeur de l’Enfer; son après avec la manipulation de la mémoire historique : Mes démons (création 2025).
Sans tomber dans un manichéisme simpliste, avec un humour grinçant et une légèreté dansante servant la gravité du propos, les textes interrogent le rôle de la mémoire dans l’Histoire, la question de la responsabilité, le poids de la dictature, les violences de la Guerre et les conflits intergénérationnels qui meurtrissent nos sociétés. Le théâtre, spectacle vivant, répond au devoir de mémoire par exorcisme de ce traumatisme qui réanime les héros que la Guerre a arrachés au monde des vivants…afin de nous inciter à la plus grande vigilance ici et maintenant.