Critique parue dans La Terrasse de décembre 2011.
Nikson Pitaqaj, fondateur de la compagnie Libre d’Esprit, s’attaque à l’emblématique Knock de Romains. Une comique histoire de manipulation.
Knock est l’histoire d’une manipulation énorme. Que sont la propagande, la publicité, les discours démagogiques, les sectes, les religions, l’armée ou encore les campagnes politiques ? Un dérivé de la théorie de Knock, selon le metteur en scène Nikson Pitaqaj, d’origine kosovo-albanaise. Le héros de Jules Romains n’est pas tant un médecin escroc que l’apôtre d’une nouvelle religion – la science – , un outil permettant d’assujettir la population. Connue, mais peu montée, cette pièce est pourtant d’actualité : elle parle d’une société effrayée, claustrophobe et frileuse, en proie à la peur de l’Autre, et obsédée par le discours tour à tour inquiétant et rassurant de la science. Or, le retour de Knock est programmé face aux catastrophes, attentats et épidémies actuels qui poussent les citoyens à se cloîtrer dans la peur et l’hypocondrie. Le médecin chahuteur n’est là que pour tendre un miroir à la société afin qu’elle découvre elle-même ses maladies ou ses angoisses. Crédulité ou incrédulité, la paranoïa collective touche toutes les âmes de Saint-Maurice. On comprend finalement la portée comique ou tragique de la folie ambiante, une population qui se retrouve au lit. Un classique plein d’humour à retrouver.
Véronique Hotte